Films
Volver
Un Film de
Pedro Almodóvar
Avec Penélope Cruz, Carmen Maura, Lola Dueñas, Chus Lampreave, Yohana Cobo, Yolanda Ramos
Comédie dramatique | Espagne | 2005 | 2h01
Prix d'interprétation féminine pour l'ensemble des actrices au Festival de Cannes 2006, 5 Goya en 2007 dont Meilleur film et Meilleur réalisateur, 5 European Film Awards en 2006 dont Meilleur film et Meilleure actrice
Sortie en DVD le 29 Novembre 2006
Femmes au bord de la tombe de leur mère
Le dernier opus du cinéaste espagnol Pedro Almodovar, très attendu, est sur les écrans depuis le 19 mai déjà. Après la fébrilité cannoise qui a accompagné sa sortie, nous pouvons revenir à Volver [sic!] sans plus s'inquiéter d'un palmarès à venir. De fait, le film décroche la Palme de la meilleure actrice pour l'ensemble de ses interprètes féminines, et cette récompense est à la mesure du magnifique jeu à l'œuvre dans Volver.
Dans un petit village de la Mancha, des femmes s'appliquent à nettoyer, astiquer les tombes avec énergie, sous un vent qui semble de feu. C'est sur ce plan séquence, aride et légèrement décalé, que s'ouvre le film, d'emblée loin des clichés movida-esques, érotiques et urbains auxquels on a pu être parfois tenté de réduire le cinéma d'Almodovar.
Rapidement, nous découvrons Raimunda – éclatante Penélope Cruz – et l'histoire familiale qui la lie au village. La jeune femme, sa fille adolescente, sa sœur, leur vieille tante et la voisine Augustina composent un quintet dont le chef d'orchestre va réapparaître: la mère, Irene – mordante, tendre Carmen Maura – revient d'entre les morts, où l'avait envoyée un incendie aux causes troubles.
Dans cet univers exclusivement féminin dont les hommes sont violemment rejetés, Almodovar poursuit le questionnement sur la filiation et la mort dont rend compte son cinéma, progressivement purgé du principe masculin et de la sexualité. Demeure dans Volver, à défaut de l'exubérance sexuelle, hystérique et électrique de ses premiers films, une exubérance plus mûre, celle des sentiments et de la narration, dans quoi Pedro Almodovar est passé maître. Si l'histoire est parfaitement abracadabrante, l'enchaînement des faits et des circonstances, lui, est impeccable, l'ambiguïté savamment maintenue entre fantastique et réalisme, film noir ou fleur bleue. La force des sentiments, la propension aux gros plans de visages de femmes éplorées, pour exagérées qu'elles soient, sont le fruit de cette histoire et s'en accommodent habilement.
Le film ne donne donc jamais l'impression d'être ironique à l'égard de ces sentiments exacerbés. Il est pourtant plein d'humour, mais d'un humour premier degré, bienveillant, auquel on adhère de bon gré (ainsi du retour de la mère, trahi par l'odeur de ses pets), un humour noir bon enfant. Cette légèreté, mêlée aux thèmes graves du meurtre et de l'inceste, semble être ce qui permet de les interroger avec plus de profondeur.
Un film magnifique donc, parce qu'il fait tomber nos contemporains réflexes à ne goûter que l'ironie et le cynisme.
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Un film magnifique donc, parce qu'il fait tomber nos contemporains réflexes à ne goûter que l'ironie et le cynisme.
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