Films
Rabia
Un Film de
Sebastián Cordero
Avec Gustavo Sanchez Parra, Martina García, Icíar Bollaín, Concha Velasco, Xavier Eloriaga, Alex Brendemühl
Espagne, Colombie | 2009 | 1h35
Sortie en DVD le 19 Octobre 2010
La rage au coeur
Récompensé à Guadalajara, à Tokyo et au festival de cinéma espagnol de Malaga, ce thriller réalisé par l'Equatorien Sebastián Cordero est l'adaptation d'un roman de Sergio Bizzio. Rabia, produit par Guillermo del Toro, raconte la fuite d'un immigré après la mort accidentelle de son chef de chantier et son obstination à poursuivre un amour impossible.
Comme souvent au début de tout bon thriller, tout démarre dans le bonheur pour mieux annoncer le chaos. Rosa, charmante immigrante latino-américaine, soubrette d'une famille bourgeoise madrilène, vient de rencontrer un avenant compatriote, José Maria, ouvrier de chantier. Ils sont dans l'euphorie d'un amour naissant, passant le plus clair de leurs rares loisirs dans les draps froissés par leurs ébats. En fait ils se connaissent peu et l'échange de leurs baisers tient lieu de longues discussions. Peu à peu ils réalisent qu'ils sont fondamentalement différents, même si cela n'a pas l'air d'affecter leur amour.
Rosa s'accommode assez bien de sa situation de bonne dans une famille qui la traite plutôt correctement, quoiqu'avec condescendance. Tandis que José Maria se sent en territoire ennemi dans cette Espagne passablement raciste envers des immigrés pourtant si proches par la langue et la culture : la fierté à vif, il ne supporte aucun regard irrespectueux sur lui ou sur Rosa, aucun mot de travers... Il a la rage, la rabia ! Jusqu'au jour où il réagit violemment à une remarque de son chef de chantier et le tue accidentellement. Désormais en cavale, il va, sans le dire à Rosa, se planquer dans les étages inoccupés de l'immense bâtisse des patrons de son aimée, devenant ainsi voyeur malgré lui de la vie de celle avec qui il ne peut plus communiquer sans la mettre en danger. Et le film bascule alors dans un huis-clos de plus en plus inquiétant et palpitant, José Maria perdant peu à peu, à force de confinement, sa santé mentale tandis que la vie de Rosa et la vie tout court continuent sans lui.
Rosa s'accommode assez bien de sa situation de bonne dans une famille qui la traite plutôt correctement, quoiqu'avec condescendance. Tandis que José Maria se sent en territoire ennemi dans cette Espagne passablement raciste envers des immigrés pourtant si proches par la langue et la culture : la fierté à vif, il ne supporte aucun regard irrespectueux sur lui ou sur Rosa, aucun mot de travers... Il a la rage, la rabia ! Jusqu'au jour où il réagit violemment à une remarque de son chef de chantier et le tue accidentellement. Désormais en cavale, il va, sans le dire à Rosa, se planquer dans les étages inoccupés de l'immense bâtisse des patrons de son aimée, devenant ainsi voyeur malgré lui de la vie de celle avec qui il ne peut plus communiquer sans la mettre en danger. Et le film bascule alors dans un huis-clos de plus en plus inquiétant et palpitant, José Maria perdant peu à peu, à force de confinement, sa santé mentale tandis que la vie de Rosa et la vie tout court continuent sans lui.
Suspense particulièrement réussi, Rabia est aussi une fable sociale corrosive, grattant là où ça fait mal dans sa description à peine forcée des rapports de classe dans une Espagne qui n'a pas tout perdu du franquisme. La famille Torres, typique de la bourgeoise traditionnelle, est vue en pleine décomposition : les deux époux coexistent par obligation et contrainte sociale sans plus s'aimer, la mère tentant de garder une dignité aristocratique tout en s'adonnant à l'alcoolisme du désespoir ; le fils, petit magouilleur sans envergure, ne fait que tenter de pomper l'héritage familial pour d'improbables investissements, tout en estimant avoir un droit de cuissage naturel sur Rosa. Quant à la relation de la famille avec Rosa, on en mesure toute la condescendance dans une séquence où le père parle d'elle à la troisième personne alors qu'elle est bien présente dans la pièce, même si – intelligence de la mise en scène – laissée hors-champ par la caméra...
Mais c'est surtout dans la division de l'espace, renforcée par une lumière sépulcrale et un son inquiétant, que le talent du réalisateur opère, soulignant à quel point deux mondes se côtoient sans se rencontrer. Cette séparation est particulièrement ressentie par José Maria qui vit aux côtés des rats, ces animaux qui occupent clandestinement les caves ou les combles, ces animaux de la pénombre qu'on ne veut surtout pas voir, ces animaux pestiférés qu'on extermine dès qu'on sait qu'ils sont là...
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