Films
El mundo entero
Dans une bourgade de Badajoz, comme sur le chemin d'oz, c'est le vert du pull de La Chary, à l'instar du château scintillant, qui diffuse sa lumineuse chromatique de l'espoir (saluons le travail féerique du chef opérateur : Alberto Pareja). La fable est lancée, la musique originale de Víctor Reyes (Buried, Ana y los 7, etc.) accompagne le spectateur dans une tendre apparition surnaturelle : le fils retrouve le fantôme de sa mère pour l'annuel bavardage haut en couleur lui aussi.
Et quelle fable celle qui se joue sur ce banc en pierre du jardin des soupirs, celle de la construction d'un monde meilleur ! Parce que "la vida vuela, pero volando volando", il n'y a pas de temps à perdre. Au fil de leur conversation, les flashbacks révèlent les mémoires. Le point de vue est celui de La Chary face aux autres. La réminescence d'une scène affligeante d'homophobie contre El Peter (Cándido Gómez) devient l'élément déclencheur de la deuxième partie de la narration. Répondre aux souhaits de La Chary, voilà la mission de son fils digne. Et cette année, l'objectif est hautement fondé sur un message de tolérance. Réparer l'ignorance et défendre la cause des opprimés, voilà un voeux qui fait de La Chary la voix libératrice des victimes d'homophobie et la mère bien-aimante de son fils...
Les volontés sont respectées, son fils s'exécute et d'autres vérités viennent à lui : sa mère a directement participé, en allant voir un psychologue (Eric Francés), sans même le savoir, au changement de ces pratiques et à l'évolution des mentalités du quartier vers un vivre ensemble tolérant.
Loles León (Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar, Libertarias de Vicente Aranda, La Niña de tus ojos de Fernando Trueba, pour ne citer que quelques titres), crève l'écran et s'installe dans l'esprit des spectateurs : elle est cette voisine qui a pris le risque d'être marginalisée injustement au nom de la liberté. Loles León, ici, est la mère qui réchauffe le cœur et remet en question bien des préjugés: attendrissante dans ses doutes et rassamblante par son intelligence du coeur. Elle est la reine des battantes !
Comme le dit si bien son fils, "Benditas las mujeres del barrio de San Roque" qui prennent les problèmes à bras le corps et les transforment en expérience de paix. Le cinéma s'impose pour notre plus grand plaisir comme l'art par excellence de faire revivre les morts et de réparer les vivants.
Marie-Ange Sanchez
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